On l’entend souvent, le secteur viticole serait en crise. Avec la pandémie de Covid-19, la crise risque de s’installer durablement. Mais qu’en pense Jean Pellot, fondateur d’Agrilor, et existe-t-il une solution pour remédier aux problèmes des viticulteurs ?

On parle souvent de crise du secteur viticole. La pandémie de Covid-19 ne semble pas arranger les choses. Parlons plutôt du bordelais, votre zone d’action. Qu’en pensez-vous ?

Le secteur viticole est évidemment en crise ! Mais il faut séparer deux types de viticulture : les grands châteaux et les plus modestes.

Les viticulteurs modestes sont en très grande crise. Du vin, il s’en boit des millions de litres à travers le monde et pour autant, il y a des milliers de producteurs. En France, les petits producteurs sont en crise parce qu’ils produisent un vin ni meilleur, ni moins bon que leurs concurrents internationaux : les vins chiliens, australiens, sud-africains ou encore américains.

Ils ont du mal à communiquer et sont concurrencés par les plus grands châteaux qui représentent la France sur la scène internationale.

Bien évidemment, la crise est aussi liée à une mauvaise qualité de la vigne. Les petits viticulteurs perçoivent des aides mais leurs moyens financiers restent trop faibles pour qu’ils puissent évoluer. Si la qualité de leurs vins évoluait, leur situation s’améliorerait. Malheureusement, ils n’en ont pas toujours les moyens et doivent donc miser sur l’aspect quantitatif pour continuer d’exister…

Mes clients ne sont pas en crise, ils ne peuvent pas l’être.

Jean Pellot

Les plus grands châteaux, mes clients, ne sont pas en crise. Les grands vins ne sont pas concurrencés grâce au classement de 1855, unique au monde, qui a classé les vins en grands crus : premier, deuxième, troisième, quatrième et cinquième vins.

Les grands châteaux classés possèdent des moyens de communication importants. Ils font partie de l’Union des Grands Crus de Bordeaux qui parcourt le monde entier à travers des expositions et des salons.

En-dessous viennent les crus bourgeois, qui font aussi partie de mes clients. Ils sont voisins des grands crus classés mais ne bénéficient pas de la même aura. Ils peuvent être concurrencés à l’international, notamment aux États-Unis, par des vins qui se disent aussi bons, voire meilleurs qu’eux.

Les États-Unis cherchent à donner mauvaise presse au vin français, augmentant la sensation de crise du secteur. Pourquoi selon vous ?

Pour deux raisons principales : les vins français sont taxés à l’importation à hauteur de 25 % et les États-Unis produisent aussi du vin.

La taxation importe finalement peu puisque les américains amateurs de grands vins français en consomment malgré le tarif élevé. La demande reste en constante augmentation de leur part.

Par ailleurs, les Américains produisent certes des vins de qualité, mais pas à la hauteur de nos grands vins. Ils ont essayé mais n’y parviendront pas : ils ne possèdent ni notre terroir, ni notre savoir-faire, ni notre histoire.

Si les grands vins ne connaissent pas la crise alors pourquoi auraient-ils besoin d’Agrilor ? Comment vos apports au sol permettent-ils d’améliorer la qualité de leur vin et son goût ?

Quand on parle de vin, on parle d’arôme, de couleur, de longueur en bouche. Et tout cela commence par le sol.

Dès les vendanges, mes clients savent si le vin sera qualitatif à l’aspect du raisin. Plus le jus obtenu est équilibré, moins on ajoutera d’intrants d’origine chimique. Les levures et le SO2 seront naturellement présents dans le raisin s’il est de bonne qualité.

C’est pareil pour la couleur : un raisin en bonne santé amènera une couleur rouge naturelle au vin. Plus besoin de créer de belles couleurs chimiques ou artificielles en ajoutant des intrants !

Mais pour que le raisin soit qualitatif, le terroir doit être en parfait état. Si le sol est équilibré, la vigne sera résistante et le viticulteur aura moins besoin de la traiter. Un sol en bon état, cela signifie un complexe argilo-humique (argile et humus) riche. Si le sol est dépourvu d’un des deux, la vigne sera faible.

Le rôle d’Agrilor est d’apporter de l’argile et/ou de l’humus si le sol en manque. Un sol équilibré fera naître une vigne vigoureuse, des raisins en bonne santé et un vin d’excellente qualité.

Quant au goût du vin, il se travaille. Le maître de chai prend le rôle d’un véritable chef d’orchestre et crée le vin en fonction des critères des châteaux en jouant sur la qualité visuelle, olfactive et aromatique. Agrilor facilite le travail du maître de chai et lui permet de créer un vin d’excellence en améliorant chaque année la qualité des sols, de la vigne et des raisins.

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