De tous temps, les voyageurs européens ont rapporté de leurs voyages en terres lointaines des espèces végétales qui captivaient leur intérêt et leur curiosité. C’est ainsi que l’oïdium, le phylloxera et le mildiou, maladies de la vigne jusqu’alors inconnues en Europe, sont arrivés d’ Amérique au XVIIIème siècle.

Ces pathogènes furent véhiculés par des plants de vigne qui en étaient exempts, car résistants. Greffés à nos variétés endémiques, isabelle, noah, othello, clinton, herbemont, jacquez, tous ces cépages aux appellations poétiques principalement issus des espèces vitis labrusca et vitis vulpina, ont permis de sauver les vignes de notre vieux continent en renforçant leur résistance aux maladies.

La productivité qui s’ensuivit, cumulée avec celle du vignoble algérien en plein développement, entraîna dans l’entre-deux guerres l’arrachage puis l’interdiction d’exploiter ces variétés hybrides. Les motifs invoqués tinrent à la piètre qualité des vins obtenus et à leur danger pour la santé.

Des décennies plus tard, la presse témoigne régulièrement d’irréductibles cévenols depuis toujours attachés à la défense de ces cépages, victimes d’une interdiction qui perdure depuis 85 ans.

Un siècle presque au cours duquel les enjeux de la viticulture, grosse consommatrice d’intrants chimiques, ont changé. En effet, si aujourd’hui la culture de la vigne occupe 3 % des surfaces agricoles françaises, elle consomme 20 % des pesticides utilisés.

Dans ce contexte, l’un des arguments-massues en faveur de la réhabilitation des cépages interdits est précisément leur grande résistance aux maladies, ce qui permettrait de diminuer l’usage des produits chimiques.

Sources :
http://fruitsoublies.org/
https://www.slate.fr/story/175086/cepages-interdits-vigne-rebelles?amp
https://reporterre.net/Des-paysans-cevenols-font-renaitre-des-vins-issus-des-cepages-interdits