La bouillie bordelaise est un mélange inventé par des viticulteurs du Médoc à la fin du XIXe siècle notamment pour lutter contre le mildiou.
Mélange de sulfate de cuivre et de chaux, c’est un produit naturel, dans le sens où elle n’est composée que d’éléments présents dans la nature. Mais pour autant cela signifie-t-il que la bouillie bordelaise est sans danger pour l’environnement ?
La bouillie bordelaise, un produit autorisé en agriculture biologique
La bouillie bordelaise est un produit qu’on pourrait qualifier de remède de grand-mère, uniquement concoctée à base de produits naturellement présents dans la nature.
Elle n’a pas été inventée dans un laboratoire chimique avec des molécules de synthèse, mais sur le terrain, par des viticulteurs médocains, d’où son nom de bouillie bordelaise.
Depuis plus d’un siècle, sa recette reste inchangée : le sulfate de cuivre agit contre les champignons et la chaux empêche le cuivre de brûler les plantes.
C’est d’ailleurs un produit autorisé en agriculture biologique, donc sans danger, non ?
Ce n’est pas si simple…
Après plus d’un siècle d’utilisation non restreinte, les études ont montré que la bouillie bordelaise laisse des traces dans son environnement.
Quels sont les dangers liés à l’utilisation de la bouillie bordelaise ?
Quand le cuivre entre dans le sol, il agit effectivement contre les champignons mais il ne disparaît pas une fois son travail effectué.
Il s’accumule.
Les plants semés sur une terre traitée à la bouillie bordelaise absorbent ainsi le cuivre par les racines, de la même façon que les autres nutriments dans le sol.
Mais cet élément chimique provoque une réaction de défense de la plante qui assimilera alors moins de nutriments essentiels à son développement.
Les constats sont sans appel :
- Un jaunissement des feuilles
- Une perte de vigueur
- Et par conséquent une moins bonne récolte.
Le cuivre reste principalement dans les couches superficielles du sol et affecte moins les plants anciens enracinés plus profondément.
Quand on sait que les premières années de la vie d’une plante conditionnent son rendement, on comprend les risques que peut occasionner l’utilisation du cuivre…
De plus, la bouillie bordelaise affecte la vie du sol et est une menace pour les vers de terre qui jouent pourtant un rôle prépondérant dans la richesse d’un sol et donc le bon développement des plants.
Les conséquences ont été constatées par certains viticulteurs qui n’ont rien pu faire pousser sur des parcelles où la bouillie bordelaise a été épandue massivement pendant de longues années.
Et on ne parle pas d’un ou deux ans à laisser la terre en jachère afin qu’elle se régénère : les dégâts sont visibles sur les sols pendant plus d’une vingtaine d’années après l’arrêt de l’utilisation du mélange.
Les sols finissent par s’améliorer d’eux-mêmes mais quel agriculteur peut se payer le luxe d’attendre 20 à 30 ans avant de pouvoir replanter ?
Quelles sont les zones les plus touchées ?
Les zones les plus touchées par des hautes teneurs en cuivre sont notamment les vergers et les régions viticoles où les traitements sont récurrents depuis de longues années.
On le voit bien sur cette carte de GisSol, un groupement scientifique travaillant sur les sols :
La Gironde est particulièrement concernée, tout comme la partie viticole de la région Occitanie.
Finalement la bouillie bordelaise, c’est oui ou non ?
Difficile de se passer de la bouillie bordelaise, surtout dans la région bordelaise où le mildiou est bien présent. Des alternatives au cuivre sont à l’étude mais en attendant, il est possible d’atténuer ses effets sur les sols et la plante en épandant de l’argile montmorillonite.
Nourrir le sol de matière organique régulièrement permet aussi de neutraliser les effets du cuivre et d’atténuer son impact. En effet, le cuivre va se lier à la matière organique et supprimer son effet toxique.
En résumé :
- On réduit au maximum l’utilisation de la bouillie bordelaise pour ne pas contaminer les sols.
- On effectue une analyse de sol pour étudier la teneur en cuivre et les besoins de vos sols.
- On agit en nourrissant le sol avec de la matière organique et de l’argile montmorillonite qui a aussi la capacité d’atténuer les effets toxiques du cuivre.