Le vin biologique a le vent en poupe et sa popularité ne cesse de croître auprès des consommateurs, à la recherche de produits naturels. Vous vous posez peut-être la question de passer votre vignoble en bio ou vous êtes déjà en transition afin de ne plus utiliser de produits phytosanitaires chimiques, délétères pour la santé et l’environnement.

Pourtant, des études ont démontré la présence anormale de résidus de pesticides dans certains vins bios. Comment est-ce possible alors que le cahier des charges de l’agriculture biologique exclut tout pesticide ?

Nous vous expliquons les raisons de la contamination et comment vous en prémunir pour protéger vos sols et les consommateurs.

La réglementation du vin bio : un cadre strict mais imparfait

Un vin issu de l’agriculture biologique est produit à partir de raisins cultivés sans utiliser de produits chimiques de synthèse comme les pesticides, les herbicides, ou les engrais chimiques.

  • Les vignes doivent être cultivées selon les principes de l’agriculture biologique.
  • Les organismes génétiquement modifiés (OGM) sont strictement interdits, que ce soit pour la vigne ou pour les produits utilisés pendant le processus de vinification.
  • La transformation du raisin en vin doit également respecter certaines règles : les additifs autorisés sont limités et l’utilisation de sulfites pour la conservation est encadrée avec des quantités maximales bien inférieures à celles des vins conventionnels.

Pour qu’un vin soit officiellement reconnu comme bio, il doit obtenir une certification délivrée par un organisme agréé.

Seuls les produits phytosanitaires d’origine naturelle (animale, minérale ou végétale) sont autorisés.

Mais malgré les limites strictes du cadre actuel, des contaminations croisées sont possibles. 

Comment les résidus de pesticides peuvent se retrouver dans les vins bios ?

Dans certains vins biologiques, la présence d’acide phosphonique et de phtalimide, deux fongicides utilisés en agriculture conventionnelle pour lutter contre le mildiou, ont été retrouvés en infimes quantités.

Même si l’on parle de résidus, ils ne devraient pas être présents du tout au sein des vins certifiés bios. Différentes pistes sont privilégiées pour expliquer ce phénomène.

Une contamination environnementale 

Les pesticides seraient transportés par les sols, le vent et/ou l’eau depuis des vignobles conventionnels à proximité.

De plus, le phosphonate de potassium, aujourd’hui interdit en bio, était autorisé jusqu’en 2013. L’accumulation dans la plante pourrait aussi expliquer la présence de résidus dans les vins, encore aujourd’hui.

Une contamination via des produits autorisés en bio 

Des pesticides « naturels » pourraient poser problème et engendrer la présence de résidus dans le vin.

Magali Grinbaum, scientifique responsable des analyses de résidus à l’Institut Français de la Vigne et du Vin, explique que « la réglementation bio autorise les viticulteurs à utiliser des vinasses issues de vignes conventionnelles » par exemple. Il est donc possible que ce fongicide passe du sol à la plante puis au raisin, même si cela reste à prouver.

Par ailleurs, le cuivre, autorisé en agriculture biologique, est bien souvent présent en résidus dans le vin biologique. Bien que naturel, ce n’est pas un produit anodin et c’est pour cette raison que la norme maximum est fixée à 2 mg/l pour l’eau potable.

Une contamination lors de la vinification

La contamination pourrait également avoir lieu directement lors de la vinification dans le chai. Le caoutchouc, les résines époxy ou les barriques sont des équipements poreux qui peuvent être responsables du relargage de phtalimides dans les vins.

Mais là encore, cela reste à prouver scientifiquement. 

Comment éviter les résidus de pesticides dans vos vins ?

Si vous faites le choix de passer d’un vignoble traditionnel à un vignoble en agriculture biologique, autant mettre tout en œuvre pour limiter au maximum les résidus de pesticides dans votre vin.

Commencez par mettre en place des mesures afin d’éviter les contaminations environnementales. Choisissez des parcelles éloignées des cultures non biologiques. Plantez des haies qui permettront de limiter l’arrivée des pesticides par le vent. 

Intéressez-vous à la biodynamie, une pratique encore plus respectueuse de l’environnement que l’agriculture biologique.

Optez pour des amendements organiques sûrs, ne présentant aucun risque de contamination pour vos raisins et votre vin. C’est le cas des amendements proposés par Agrilor, tous utilisables en agriculture biologique, comme l’argile montmorillonite permettant entre autres l’amélioration des échanges cationiques du sol, Agrimus qui relève le taux de matière organique de vos sols ou encore Granumus, fertilisant naturel qui vient stimuler la vie microbienne et favoriser la minéralisation.

Faites attention aux produits utilisés lors de la vinification dans votre chai. Privilégiez des matières sûres et utilisez des barriques neuves ou n’ayant pas servi pour le vieillissement de vin conventionnel.

Inscrivez vos vins auprès de labels plus exigeants comme Demeter ou Nature et Progrès, qui vont au-delà des standards du bio.

Ne vous découragez pas : malgré la présence de résidus de pesticides dans les vins bios, il est possible de fortement les limiter en étant vigilant et en respectant des normes encore plus strictes que celles du cahier des charges européen.