En tant que viticulteur, vous avez sans doute déjà été confronté au gel ou si vous débutez dans le métier, vous vous demandez peut-être comment lutter contre le gel dans les vignes et comment protéger vos vignes l’hiver afin qu’elles ne souffrent pas trop du froid.

Mais les gelées les plus dangereuses interviennent plutôt au printemps, au moment où la vigne est la plus vulnérable. Il n’existe pas de solution miracle qui permet de vous assurer de conserver toute votre production sans aucun dégât.

Néanmoins, vous pouvez anticiper pour lutter au mieux contre les gelées de printemps. Explications.

La vigne craint-elle vraiment le gel ?

La réponse est évidemment oui, comme la plupart des cultures. Mais les vignes seront plus ou moins résistantes au gel en fonction de de leur stade de développement au moment de la gelée.

  • Entre l’éclatement des écailles et les bourgeons dans le coton, elles peuvent supporter – 8°
  • Au stade pointe verte, elles seront vulnérables dès – 2°
  • Les jeunes pousses vertes peuvent subir des dégâts dès 30 minutes d’exposition à  – 0,6°
  • Les bourgeons débourrés, les jeunes feuilles et les jeunes rameaux peuvent mourir dès qu’on passe en-dessous de 0°.

Connaître les différents types de gel

Avant de mettre en place une stratégie de lutte, il est important de connaître les différents types de gel qui existent :

  • Le gel de rayonnement ou radiatif
  • Le gel d’évaporation
  • Le gel d’avection ou advectif

Le gel de rayonnement ou radiatif 

La journée, le soleil vient réchauffer le sol avec ses rayons et le sol accumule de l’énergie en son sein. La nuit, l’énergie est libérée sous forme de rayonnement infrarouge.

Si le ciel est nuageux, ce rayonnement sera en partie capté est renvoyé vers le sol, permettant de le réchauffer et d’éviter une gelée.

Mais si le ciel est dégagé, le rayonnement ne sera pas intercepté et la perte de chaleur sera plus importante. Il y a alors un risque de gel, accru s’il n’y a pas de vent et une inversion de températures en altitude.

Le gel radiatif sera soit une gelée blanche en cas de fort pourcentage d’humidité dans l’air, soit une gelée noire en cas de faible taux d’humidité.

Le gel d’évaporation

Si le sol est humide et que l’air est au contraire froid et sec, il existe un risque de gelée d’évaporation.

L’humidité contenue dans le sol s’évapore en utilisant l’énergie présente dans l’air, ce qui provoque un refroidissement de celui-ci et un risque de gel.

Le gel d’advection ou advectif

Le gel d’advection ou advectif est plus rare. Il se caractérise par une grande masse d’air froid et sec accompagné de vents modérés à forts.

Le ciel est clair et dégagé, il n’y a pas d’inversion de température. Il est davantage présent pendant l’hiver qu’au printemps et il est très complexe de lutter contre lui.

Connaître les différents types de gel et savoir les anticiper vous permettra d’éviter des dépenses d’énergie, de ressources et d’argent inutiles.

Les méthodes de lutte passives contre le gel dans les vignes : l’anticipation !

Le meilleur moyen de lutter contre le gel dans les vignes reste l’anticipation.

Dans le cas de la plantation de nouvelles vignes

Si vous plantez de nouvelles vignes, choisissez ben le lieu d’implantation, en évitant les terrains en pente où le vent peut davantage circuler et accroître les risques de gelée.

De même, faites attention au choix du cépage si c’est possible. Préférez des cépages tardifs afin de ne pas avoir trop de bourgeons pendant la période de gel printanier. Vous limitez ainsi le risque de perte.

Sur vos parcelles déjà en place

Anticipez en plantant des haies ou des arbustes à proximité des vignes. Ces derniers viennent protéger les plants de vigne du vent et des gelées.

Vous avez aussi la possibilité de décaler la taille afin de retarder l’éclatement des bourgeons et donc leur vulnérabilité face au gel. Dans ce cas, vous pourrez procéder à leur taille au mois de mai.

Si vous préférez, vous pouvez tailler la vigne en deux fois : la majorité du travail en hiver en laissant davantage de longueur qu’habituellement. Après le débourrement, vous repasserez afin de raccourcir les coursons ou baguettes. Vous aurez alors l’occasion de retirer les bourgeons des extrémités, davantage touchées par le gel.

Évitez de travailler le sol. Un sol nu sera plus vulnérable et froid qu’un sol couvert. En revanche, tondez l’herbe à ras régulièrement en cas de couvert végétal afin de ne pas augmenter l’humidité entre les rangs de vigne.

Renforcez vos vignes afin qu’elles soient plus résistantes au gel à l’aide d’amendements organiques comme Agrimus.

Des outils en ligne (comme celui du BIVB) sont maintenant disponibles pour anticiper les périodes de gel. Ils sont basés sur la topographie, le stade phrénologique, la couverture nuageuse, l’humidité ou encore le vent (en plus de la température) et permettent de suivre précisément les risques de gel.

Les méthodes de lutte directes contre le gel

Bien sûr, malgré toutes ces précautions, il arrive selon les années que vous ayez besoin de lutter directement contre le gel.

Plusieurs méthodes existent.

L’aspersion

L’aspersion afin d’établir un équilibre eau-glace autour des bourgeons et de maintenir une température de 0°. C’est efficace sur tous les types de gel et l’aspersion vous permet d’atteindre toutes les parties du cep de vigne.

C’est une méthode non polluante et automatisable mais son déclenchement est délicat et vous devez avoir beaucoup d’eau à disposition. L’aspersion n’est pas sans danger pour les sols qui risquent l’asphyxie et l’érosion et c’est une méthode qui demande de l’entretien et de la main d’œuvre. Il faut compter entre 8 000 et 14 000 € / hectare.

Le recouvrement du sol

Si un risque de gelée est avéré, vous pouvez aussi recouvrir le sol de paille. Veillez en revanche à ne pas laisser la paille au sol plusieurs jours d’affilée car elle retient la chaleur mais aussi l’humidité.

Le risque est alors le développement de maladies au sein de vos pieds de vigne.

Le chauffage

Il existe plusieurs méthodes de chauffage plus ou moins efficaces et coûteuses. La moins chère est le chauffage par bougies, installées tous les dix mètres un rang sur deux environ. Cette méthode est efficace sur les petites surfaces, si les gelées ne sont pas trop fortes et s’il n’y a pas de vent et il faut compter 2 500 € / hectare pour deux nuits d’utilisation.

Vous avez aussi la possibilité d’utiliser du fuel pulvérisé à l’aide de chaufferettes (11 000 à 15 000 € par hectare) ou la combustion de gaz (environ 12 000 € / hectare pour 10 nuits de lutte). Ce sont les deux méthodes les plus efficaces qui permettent de gagner 5° ou plus. Mais ce ne sont pas des méthodes écologiques, elles demandent de veiller toute la nuit et une grande manutention.

D’autres méthodes efficaces mais encore plus coûteuses existent comme la tour antigel, l’hélicoptère ou l’aspirateur à froid.